« L’insularité, le fait d’être cerné d’eau, d’être éloigné des autres, le fait d’être isolé fait que le petit groupe se sent un peu obligé d’être cohérent. Un peu comme une famille, s’il y a du mauvais temps, on a tendance à se mettre les uns contre les autres pour avoir chaud. J’ai l’impression que socialement, les relations sont faciles ici pour des gens d’esprit et de modes de vie différents que ça ne le serait en ville dans un plus grand ensemble. C’est un peu la même chose dans les petits villages de montagne. On est forcés de revisiter ses relations internes. Ce territoire nous façonne. L’espace nous impose certaine chose. Ici il y a moins de choix, donc on est obligés d’utiliser mieux ce que l’on a »
Cette jeune femme se prénomme Marie, il s’agit de l’arrière-grand-mère d’Eric. Issue de la grande bourgeoisie suisse, Marie a 20 ans lorsqu’elle découvre Porquerolles. Femme étonnamment libre et indépendante pour son époque, elle séjourne 1 mois sur l’île, dans un petit « hôtel » situé sous l’Escale, « Le Progrès », qui servait de refuge au pêcheur par mauvais temps.
Eric raconte l’histoire de cette arrière-grand-mère « née 2 siècles trop tôt », et la façon dont Porquerolles s’inscrit dans son héritage familial, à travers une lignée de femmes qui l’ont profondément marqué. Il raconte avec force détails plus d’un siècle d’histoire de l’île où s’entremêlent l’Histoire avec un grand H et les récits familiaux et insulaires : la rencontre de ses parents en 1930 un jour de fête de la Ste Anne, ses souvenirs de jeune garçon sur l’île, l’arrivée du Parc National en 1971, le choix qu’il fait en 1974 de quitter son poste de visiteur médical dans l’industrie pharmaceutique pour s’installer définitivement à Porquerolles avec sa femme et ses enfants, ses amitiés nombreuses, ses échanges avec le père Séraphin, Henri Vidal…
Facteur, puis responsable de la station-service et d’un chantier naval, Eric cumulera en plus de ses fonctions les expériences en bénévolat, à la SNSM (Société nationale de sauvetage en mer), en tant que pompier volontaire et la présidence du CIL (Comité d’Intérêt Local).
L’écouter remonter le fil de son incroyable mémoire et égrener ses souvenirs avec une précision d’orfèvre, c’est se retrouver projeté dans plus d’un siècle d’histoire de l’île, et voir défiler les images d’une Porquerolles à la fois immuable et en mouvement.
A plus de 85 ans, Eric demeure un insatiable curieux, féru d’économie et de généalogie, inventeur à ses heures perdues.
Un témoignage précieux et passionnant.
POUR ALLER PLUS LOIN:
« Rue du Phare : Ainsi vivait-on à Porquerolles » d’Alphonse CANESSA