Épisode 34 – Jean-Claude Silbermann – « Être surréaliste, c’est être »

« Ici plus qu’ailleurs, je suis parfois saisi d’une sorte de grand embrasement devant la splendeur de la nature.  Ça me met en colère parce que la nature, il nous faut la combattre, nous autres artistes. La beauté naturelle est l’ennemie de la beauté artistique »

Jean-Claude Silbermann est né en 1935 à Boulogne-Billancourt dans une famille bourgeoise. En 1954 il se déclare poète et décide de ne pas suivre la voie toute tracée derrière son père à la tête de son entreprise. Il prend ses distances avec sa famille. 

En lisant Alcools et Calligramme d’Apollinaire, il a une révélation. Il clame à l’adresse d’André Breton « Je suis surréaliste » lequel l’invite à rejoindre le mouvement entre 57 et jusqu’à sa dissolution en 69. Dès lors Breton, Antonin Artaud, Benjamin Péret deviennent ses amis et lectures.  En 1959, il publie un premier recueil de poèmes chez Jean Jacques Pauvert. Après avoir été réformé de l’armée, il n’arrive plus à écrire et en 1962, sous l’impulsion de son ami, le peintre Pierre Jaouen, il commence à dessiner et peindre. Il reprend l’écriture et la poésie, écrit des chansons. Ses œuvres sont exposées au Mamco à Genève, à Prague, Stockholm, Brest, au centre Pompidou à Paris. On le qualifie de dernier surréaliste, mais il refuse d’être traité comme une archive. Il a refusé qu’un écriteau soit apposé au fronton de sa maison dans le cadre des carnets de promeneurs inspirés sur les sentiers de Port Cros. 

Sa mère découvre pour la première fois Port-Cros à l’âge de 18 ans en 1929, elle en est éblouie. Jean-Claude Silbermann y met les pieds pour la première fois en 1938 à l’âge de 3 ans mais c’est finalement en 1950 que démarrent vraiment ses souvenirs d’enfance sur l’île. Il y passe toutes ses vacances après la guerre.

Avec Jean-Claude nous avons parlé de son parcours personnel et artistique, des rencontres qui l’ont jalonné, de la Bretagne, de son lien à Port-Cros, d’art et de poésie et de la place du surréalisme dans notre société…Un témoignage puissant, poétique et savoureux, truffé d’anecdotes, qui vous permettra d’approcher l’univers surréaliste de Jean-Claude Silbermann que je remercie pour sa spontanéité et sa finesse, son regard à la fois sensible et sans concession sur Port Cros, la vie et le monde.

Jean-Claude Silbermann

Pour aller plus loin dans votre découverte du travail de Jean Claude Silbermann, je vous recommande le film « Mais qui a salé la salade de céleri ? » accompagné de son livret très complet et joliment illustré paru chez Sevendoc.

Vous y trouverez notamment l’analyse faite par Christian Bernard alors directeur de musée et Fondateur du Mamco de Genève de son œuvre et notamment de son incroyable installation « Babyl Babylon » au MAMCO. Il dit : « on ne sait pas par où entrer dans cette œuvre. Tout y flotte. Nous n’y accédons que par surprise, à l’improviste. Il parle du ballet des figures de Silbermann, de figures de carnaval, d’un spectacle sans commencement ni fin, tres ouvert, d’un emboitement de choses improbables. C’est comme si le monde était un palindrome dont on ne pouvait pas faire le tour.

L'atelier de Jean-Claude Silbermann à Port-Cros
Le Manoir (1982)